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L'éloge du symptôme ?

Le symptôme est la source précieuse de ce qui nous indique, chez un sujet, la discordance au sein de son économie libidinale. Le symptôme est à respecter en tant que tel, quel qu’il soit et quelles que soient ses manifestations, aussi bruyantes ou dérangeantes soient-elles, pour l’enfant ou l’adolescent lui-même, ses parents, sa famille, son établissement scolaire ou, bien entendu, le praticien. Cependant, un premier axe est à dessiner dans un abord thérapeutique à choisir. Devons-nous le respecter en tant qu’expression du désir inconscient ou, au contraire, tenter de le juguler, afin de répondre à la demande première qui est souvent manifeste : débarrassez-nous de ce symptôme que je ne saurais voir, ou supporter plus longtemps. Ce débat d’actualité ne se résume pas entre un abord psychanalytique qui est la voie choisie par bon nombre d’entre nous, et les tcc qui n’ont pour but unique que l’éradication du symptôme, et ce, le plus vite possible sans tenir compte de la situation et de la structure du sujet dans sa globalité. Le symptôme a, comme les formations de l’inconscient, une structure de langage. La thérapie tentera d’en repérer la grammaire signifiante. Le sujet tient à faire sienne la jouissance du symptôme. Pourtant, le thérapeute doit se questionner : comment se situer face au symptôme ? Entre un attachement quasi névrotique à celui-ci et une volonté de guérir, y aurait-il une voie médiane possible qui ouvre véritablement un espace de parole ? D’autant que, dans les prises en charge thérapeutiques, les enfants et les adolescents ne sont pas seuls. Il s’agit dans tous les cas de rechercher une alliance thérapeutique avec les parents qui est indispensable et essentielle pour assurer les avancées thérapeutiques. Et il faut également compter et travailler de façon régulière avec les personnels de l’éducation nationale qui encadrent les enfants et les adolescents. Au travers des toc, la science tente de circonscrire le sujet. Cependant le langage fait retour, et le sujet finit par s’y retrouver en se réappropriant, par le langage et dans le langage, l’assignation à une place d’objet de la science où il était confiné. La pratique nous montre combien est difficile cet accrochage ou plutôt décrochage du patient à son symptôme (Oreste Saint-Drôme l’avait très finement remarqué). Mais j’aurais tendance à vouloir retourner la question : jusqu’à quel point le psychanalyste ne tiendrait-il pas aux symptômes de son patient et s’y fixerait-il, lui aussi ? Peut-on aller jusqu’à parler de jouissance du symptôme de son patient ? C’est un pas vers lequel je propose de cheminer prudemment. Considérons que le symptôme du psychothérapeute, dans le cas, tout à fait improbable, où il ne serait que peu ou partiellement analysé, vienne faire écran au déploiement du discours du patient. Dans la mesure où l’analysant aura beau s’évertuer à parler son symptôme dans tous les sens, l’analyste ne peut que rester sourd ou, dans le meilleur des cas, malentendant. Je ne peux faire que l’éloge de la surprise, c’est-à-dire de se laisser enseigner par chaque prise en charge et de tenter d’en dégager des points de réflexions théoriques ou cliniques. Ainsi l’horreur du réel du symptôme ne pourrait être véritablement entendue par le thérapeute restant sourd à la problématique de son patient. C’est tout l’enjeu de l’abord des patients que nous recevons, entre la référence psychanalytique et les approches comportementales, entre le respect de la singularité du sujet et une rééducation de ses symptômes ou de ses comportements.

Didier Lauru. psychanalyste (Espace analytique), psychiatre. édito paru dans le numéro 78 : Tous narcissiques !

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